Je voulais écrire cet article en réaction au blog d'un cheval l'autre de Pauline Barbier. Cette dernière cherche à concilier respect du cheval et pratique sportive de haut niveau. Je dévore régulièrement ses articles qui ne tombent pas dans un extrémisme ou l'autre mais cherchent au contraire une approche mesurée à la jonction de plusieurs pratiques, parfois contradictoires. Exercice d'équilibriste, oh combien difficile, dont elle se sort toujours grâce à un questionnement approfondi des sujets traités. Bref, je vous recommande !
Cependant l'approche de Pauline, a remis sur le tapis une problématique inverse à la sienne qui me taraude énormément depuis que je suis propriétaire de ma jument : l'équitation est-elle possible sans travail du cheval ?
Comme certainement pas mal de cavaliers-propriétaires, j'ai dû attendre d'avoir mon premier salaire pour pouvoir acheter et surtout assumer financièrement mon cheval. C'est donc dans un contexte de jeune active que j'ai pu assouvir ma passion pleinement. Cela a énormément influencé mon rapport à ma jument. Comme je travaillais toute la journée, elle est très vite devenue mon bol d'air, le moment où je m'aérais l'esprit, loin de toute forme d'obligations et de contraintes. "Ma jument, c'est mon loisir, pas du travail" est vite devenu mon crédo. J'ai donc très rapidement perdue toute volonté de travailler ma jument, et avec mes rares objectifs sportifs... Je parle bien ici de travail, à côté de ça, j'ai toujours éduqué ma jument.
Cependant l'approche de Pauline, a remis sur le tapis une problématique inverse à la sienne qui me taraude énormément depuis que je suis propriétaire de ma jument : l'équitation est-elle possible sans travail du cheval ?
Comme certainement pas mal de cavaliers-propriétaires, j'ai dû attendre d'avoir mon premier salaire pour pouvoir acheter et surtout assumer financièrement mon cheval. C'est donc dans un contexte de jeune active que j'ai pu assouvir ma passion pleinement. Cela a énormément influencé mon rapport à ma jument. Comme je travaillais toute la journée, elle est très vite devenue mon bol d'air, le moment où je m'aérais l'esprit, loin de toute forme d'obligations et de contraintes. "Ma jument, c'est mon loisir, pas du travail" est vite devenu mon crédo. J'ai donc très rapidement perdue toute volonté de travailler ma jument, et avec mes rares objectifs sportifs... Je parle bien ici de travail, à côté de ça, j'ai toujours éduqué ma jument.
Pourtant, j'ai toujours accepté l'argument de travailler son cheval physiquement pour qu'il puisse porter convenablement son cavalier, activité en soit très éloignée de ce pour quoi il a été conçu. Cependant en plus de mes difficultés à concilier obligations de travail et de plaisir, mon entourage équestre (pourtant minimaliste et changeant) m'a mis une pression énorme pour que je travaille ma jument. Et ce de nous débuts et jusqu'à sa blessure grave l'année de ses 6 ans. C'était vraiment une obsession : gérants, propriétaires-cavaliers, moniteurs, coachs ou autres professionnels (pareurs, MF, ostéo, etc...) n'avaient que le mot "travail" à la bouche ! J'ai extrêmement mal réagit face à cette injonction et Val qui était en pleine croissance aussi. Surtout que de voir cavaliers et chevaux sous-entraînés suer et se battre des heures entières dans une carrière poussiéreuse était loin de me faire rêver. Rétrospectivement je pense que le monde du cheval, y compris de loisir, est encore majoritairement dans une logique de "cheval de travail". Ce dernier devant payer par son labeur sa nourriture et son logement. Le fameux : "il doit travailler, je lui paye sa pension!". De notre côté, les poussées de croissance de Val et les sols trop profonds qui lui faisaient engorger les tendons nous ont définitivement poussé hors des carrières et de toute forme de travail suivi pendant plusieurs mois. Sa blessure venant mettre un coup d'arrêt total à toute activité. Cet épisode m'a aussi étonnamment apporté un grand soulagement, c'est à ce moment où j'ai réellement réalisé la pression que tout propriétaire de cheval montable porte.
Avec sa rémission, je me suis remise à monter en gardant uniquement l'objectif de me faire plaisir, chaque moment grappillé étant déjà en soi une victoire. Petit à petit, je me suis rendue compte qu'elle avait recouvré ses capacités physiques, et nous avons ainsi pu effectuer notre voyage de l'an dernier. Avec son physique sont aussi revenues les questionnements liés à son travail régulier. En particulier l’automne et l'hivers dernier, en pleine possession de ses moyens après le voyage et très limitée par ses conditions de vie hivernales en petit paddock, Val est devenue difficile à gérer, mal dans son corps et mal dans sa tête. Je l'ai alors montée durant le mois de février dernier plus régulièrement et intensément, ce qui a radicalement changé son comportement, j'ai retrouvé ma petite jument. C'est à ce moment que j'ai (enfin) réalisée que Val est, qu'on le veuille ou non, une jument de sport, elle a donc besoin d'un réel entrainement régulier et sportif pour être bien physiquement et psychologiquement. Cependant, nous avons perdu en relationnel, Val n'aime pas travailler non plus, ce qui m'a longtemps conforté dans mon idée "d'équitation plaisir" pour toutes les deux. Quand je la sors uniquement pour la laisser brouter, travailler des exercices majoritairement statiques, etc... elle arrive au trot au pré en hennissant, par contre le lendemain d'une séance de travail monté en carrière, d'une balade plus poussée, ou pire le matin d'une compétition, elle se barre quand je viens la chercher...
Val, cette sportive qui s'ignore |
J'ai donc dû remettre en question l'équilibre que j'avais trouvé dans le fait de la monter peu et d'axer énormément son entrainement sur de grandes balades au pas pour lui entretenir une musculature/cardio correcte tout en gardant un côté agréable pour moi sans me prendre la tête sur la mise en main ou un programme d'exercices cohérents et progressifs. Val a une condition physique correcte, mais ce mode d'entrainement est très dépendant de ses conditions de vie et ne fonctionne plus dès qu'elle ne peut plus se dépenser autant qu'il le faudrait au pré (notamment l'hivers).
Aussi elle garde le niveau de dressage d'un cheval de 5 ans et ne progresse absolument pas sur pas mal de sujets (départs au galop notamment). Cela ne nous limite pas au quotidien, mais je me suis retrouvée confrontée cette année avec les quelques compétitions que nous avons faites aux limites de notre travail. Notamment le petit galop. C'est un manque qui nous a énormément pénalisé sur les PTV des TREC auxquels nous avons participé. Surtout que le nouveau règlement creuse les écarts de points sur les difficultés faites au trot et non au galop. Mais aussi en endurance, Val galope beaucoup trop vite (plus de 20km/h) et "se crâme" au lieu de se détendre en restant aux alentours de 16-18km/h.
Avec le temps, j'ai donc admis et constaté qu'il est nécessaire de travailler son cheval pour pratiquer sereinement toute forme d'équitation, même de loisir. Mais ma devise "ma jument, c'est mon loisir, pas mon travail" reste plus que jamais vraie. Ne prenant pas ou peu de plaisir dans le fait de travailler ma jument, je suis donc dans une forme d'impasse : je reste tout autant incapable de suivre un entrainement sérieux que de renoncer totalement à monter sur ma jument. Au-delà de la culpabilité, je dois admettre mes propres limites. Il est possible que le travail du cheval intéresse, voir passionne, quelqu'un d'autre.