mardi 29 novembre 2016

deux apprenties treckistes à Saumur


Nous avons passé deux jours de stage à l'Ecole Nationale d'Equitation de Saumur avec Val, afin de suivre un stage de travail à pieds. L'école est surtout connue pour accueillir les écuyers et les chevaux du cadre noir. En réalité ils occupent à peine 1/3 du site, les pôles sportif et de formation étant aussi très importants.

ambiance dans le site, des centaines de
chevaux mais pas un seul visible

Y aller seule avec Val était en soi toute une aventure, j'ai été totalement bleffé par son comportement durant le transport et dans ce milieu inconnu et étrange. Elle a été calme mais réactive tout au long du weekend et s'est bien adaptée aux conditions d'hébergement et aux nombreuses découvertes (mécanisation évacuation fumier, marcheurs, manèges, écuries de centaines de box, etc...).

Val derrière les barreaux, même le col en cygne était trop haut
même le miroir été une nouveauté

Pour le contenu du stage, nous avons eu deux cours par jour avec Olivier Puls, l'un monté, l'autre à pieds aux longues rênes, des cours de longe avec Frédérique Defremont, longeuse de voltige, des cours de biomécanique humaine et équine, mais aussi des démonstrations des sauteurs du cadre noir et d'Olivier Puls aux longues rênes.

Olivier Puls au piaffé sur Verdi (27 ans)

Olivier Puls est un écuyer du cadre noir et enseignant à l’Institut Français du cheval et de l’équitation de Saumur, spécialisé dans le travail aux longues rênes. C'est en particulier les chevaux devenus difficiles, voir immontables qui l'ont amené à ce travail à pied, notamment Verdi un cheval ibérique dressé par Philippe Karl jusqu'en haute école, mais qui a quitté l'école sans fournir le mode d'emploi. Olivier Puls est à la recherche perpétuelle de l'équitation de légèreté et il a à cœur la défense et la promotion de l'équitation de tradition française. Il est toujours à la recherche du moyen le plus juste de communiquer avec le cheval. Il possède également une grande ouverture d'esprit, il a par exemple suivit le DU en éthologie du cheval de l'Université de Rennes et a récemment aidé Léa Lansade a écrire le livre "travailler son cheval selon les principes de l'apprentissage".




C'est surtout quelqu'un de très ouvert et sympathique, qui nous a accueilli Val et moi à bras ouverts au milieu des autres chevaux de dressage et malgré notre petit niveau, notre selle de rando (j'avais même laissé la peau de mouton) et le look de poney sauvage mal tondu et mal brossé de Val.


démonstration de longues rênes avec son cheval
(pieds nus et en licol plat)


Sur le contenu du stage, je ne vais détailler que la partie montée et aux longues rênes avec Olivier Puls, je ferais deux autres articles sur la biomécanique humaine et équine. 

Sur la partie montée, Olivier Puls nous a d'abord proposé de travailler à pieds pour connecter son cheval avec des exercices simples : pouvoir marcher, s'arrêter, courir et tourner avec un cheval qui reste à hauteur de l'épaule sans agir sur les rênes (dans le but de pouvoir le faire en liberté). Pour cela il s'aide de sa respiration à pieds comme à cheval, avec de grandes expirations sonores pour ralentir et s'arrêter. La badine vient en renfort devant le nez du cheval pour le ralentir ou le faire stopper et au niveau des hanches pour le faire accélérer ou repartir.
Ensuite nous avons fait un peu le même exercice que les sauteurs : faire un cercle plus grand avec les postérieurs que les antérieurs, donc demander au cheval de venir pousser le postérieur intérieur sous la masse. 
A cheval, après une petite détente nous avons refait les petits cercles avec l'engagement du postérieur interne. De là nous avons travaillé sur des contre épaules en dedans (une épaule en dedans mais face au mur, plus facile pour le jeune cheval), puis des épaules en dedans au pas et au trot. Olivier Puls nous a conseillé de demander les transitions dans les figures pour aider le cheval à comprendre ce qu'on lui demande, mais aussi lui apprendre à gérer son équilibre.
Avec Val on était cuite ! Donc on en est resté là, surtout qu'elle a une énorme dissymétrie, à main gauche elle a énormément de difficultés à s'incurver et se déplacer latéralement vers la droite. Normal vu sa blessure (bien que je pensais que ça serait l'inverse), donc ça servait à rien de continuer sur du plus compliqué.

Le deuxième jour nous avons eu un cour particulier, Olivier Puls nous a d'abord fait travailler la direction aux jambes pour travailler sur la réactivité à la jambe au pas puis au trot. Très intéressant car c'est un exercice que je n'arrive pas à faire au trot Val confondant les actions de jambes. Là c'était bien mieux même si j'avais toujours une grosse différence de réponse entre la jambe droite et la gauche. Ensuite il nous a fait travailler sur des contres épaule en dedans, une fois que c'était bon on a enchaîné sur la même longueur contre épaule en dedans, épaule en dedans. Là j'avais toujours le soucis de réponse à la jambe, du coup je compensais en faisant une rêne d'appui, la cata !
Enfin il nous a fait travailler au galop sur des cercles. Exercice difficile pour Val qui du coup s'enfermait. Donc on a travaillé sur suivre avec la main le balancier du galop pour petit à petit amplifier le mouvement vers le haut tout en continuant de l'accompagner pour ralentir le cheval et l'obliger à soutenir le garrot (parfois appelé demi arrêt ou demi parade). Il m'a conseillé de continuer de monter Val en side pull pour ne pas laisser cette défense s'installer. 

On écoute très attentivement avant notre passage.

Sur la partie aux longues rênes, le premier jour Olivier Puls nous a montré les différentes techniques de prise en main et d'attache des longues rênes. Sur un cheval débutant les rênes sont passées dans les anneaux du surfaix les plus bas, ça n'est que quand il est très avancé qu'on les attache en haut du surfaix. Pour aider le cheval à comprendre l'action de la rêne extérieure, il attache cette rêne au surfaix puis la passe dans l'anneau du mors (effet de poulie). Concernant le cavalier, il a la rêne interne avec le flot dans la main vers la tête du cheval et la rêne externe avec la chambrière dans l'autre main. Pour faire son flot, il prend les rênes dans une seule main et forme des grands 8,  il roule ou déroule des rênes de la même façon. 
On a fait toute la partie aux longues rênes en licol plat, Val étant suffisament sensible et n'ayant pas la volonté de travailler en mors.

une patate saucissonnée

Durant ce premier cours, nous avons appris à faire la différence entre tourner côté interne et aller droit. Olivier Puls y arrive rien qu'avec son positionnement par rapport au cheval : quand il s'approche de la croupe, il va droit, quand il se décale sur le flanc, il demande des cercles. Manque de chance, Val comprend exactement l'inverse ! Quand on s'approche des ses hanches elle tourne vers l'intérieur (désengagement du postérieur pour rappel). Pour apprendre au cheval a aller droit, Olivier Puls donne d'abord un ordre vocal, ensuite il tend la rêne extérieure, puis agit avec la chambrière au niveau de l'épaule s'il n'y a pas de réaction. A la fin du cours, nous avons appris à changer de main.

Le deuxième cours de longues rênes, nous avons abordé les déplacement latéraux, contre épaule en dedans, épaule en dedans et déplacement latéraux. Le demande se fait en indiquant la direction du déplacement avec la rêne directe qui doit toujours rester tendue, puis avec la rêne opposée on vient toucher le postérieur extérieur au rythme où il se lève pour lui demander de se décaler sous la masse. S'il n'y a pas de réponse avec la rêne, on peut renforcer la demande avec la chambrière au niveau de la jambe. Val a de suite compris la mobilisation du postérieur avec la rêne, par contre fallait que je sois extrêmement vigilante à maintenir la rêne directe tendue sinon elle zigzaguait. Toujours plus de difficultés pour elle à se déplacer latéralement vers la droite, mais moins que monté.
A pieds aussi Olivier Puls conseille de demander des transitions dans les figures. 







Ce que je retire de ce stage : je me suis rendue compte que l'extérieur et les lignes droites c'est bien pour remuscler Val, mais que seule, elle ne va pas dépasser son énorme dysmétrie droite/gauche. Il faut que je vienne la travailler sur des exercices d'assouplissement et d'engagement des deux postérieurs. Je pensais que c'était trop tôt pour la bosser plus sérieusement, mais en réalité je vois bien quand ça bloque et ce qui est difficile pour elle. Je peux lui demander peu de ce qui lui coûte beaucoup. Ça m'a beaucoup déculpabilisé, si je reste sans mors et en sans éperons, je ne peux pas réellement la forcer.
Aussi les longues rênes sont un outil très précieux, je peux lui faire bosser tous les exercices sur deux pistes sans qu'elle est à gérer mon poids et mes déséquilibres.

Je suis aussi remotivée à 300% pour reprendre le dressage sans mors. Le mors a toujours été une contrainte pour moi comme pour Val, je ne suis pas assez précise dans mes actions de mains et Val déteste ça. Je m'étais forcée à le lui mettre pensant que c'était une obligation pour faire du "vrai" dressage. En fait pas du tout, on peut très bien s'en passer, surtout à notre petit niveau. Ca ne veut pas dire qu'on y reviendra pas quand on sera plus avancées si un jour on est bloquées en side pull.

Par contre, je me suis aussi rendue compte que seule, tu ne peux pas réellement avoir de progression. Faut un prof pour regarder, corriger, donner des objectifs, même s'il ne vient qu'une fois par mois.

Malheureusement Olivier Puls ne donne pas de cours régulièrement dans mon secteur ! Mais il se déplace parfois pour des stages dans toute la France, si c'est le cas près de chez vous, foncez ! C'est vraiment un excellent prof, très pointu mais qui pour autant s'adapte au couple cavalier/cheval.


entre les cours on a testé les pistes de galop :D

2 commentaires:

  1. Woa woa c'est trop bien ! En 2 jours j'ai l'impression que t'as récupéré un paquet de pistes de progression. La forte dissymétrie de Val ne date que de sa blessure ? Tu peux regarder le livre de Pierre Beaupère pour le travail de la dissymétrie, il est un peu costaud à assimiler (on a rien sans rien et si c'était facile, ça se saurait), mais pour qui prend la peine, il contient vraiment vraiment beaucoup de pistes de travail, même pour un cavalier qui n'est pas en mesure d'avoir un suivi régulier avec un bon enseignant.

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  2. Oui beaucoup de pistes! Je pense que c'est pas tellement la blessure mais plus l'immobilisation du postérieur droit dans son ensemble qui créait la dissymétrie. Avant accident, je ne me souviens pas de soucis montés, par contre elle avait l'épaule droite plus musclée que la gauche (c'est certainement encore le cas). J'ai déjà lu avec attention tes deux résumés du livre de Beaupère, y'a des choses qui se croisent et des nouvelles en effet. Un beau candidat pour un cadeau de Noël^^

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