lundi 19 décembre 2016

invasion équine, introduction à l'Art

l'invasion a déjà commencé !


Si comme moi votre bibliothèque et plus largement votre appartement est progressivement envahie de représentations de chevaux au grand désespoir de votre conjoint, ne paniquez pas, ce doux déferlement n'est pas nocif pour la santé ! 


Il se pourrait même que les chevaux soit une bonne entrée dans le monde des Arts. En effet, ils ont toujours était un sujet de prédilection pour les artistes de toutes les époques. Des grottes de Lascaux jusqu'au très controversé Maurizio Cattelan et ses chevaux empaillés, sans oublier Géricault et Stubbs, ils n'ont cessé d'inspirer les artistes. Que se soit par leur beauté intrinsèque, ou comme vecteur symbolique de puissance avec les portraits ou les statue équestres, œuvres les plus courantes encore aujourd'hui dans nos rues et nos imaginaires. Si bien qu'au travers de leurs représentations, l'on peut observer l'évolution des techniques artistiques, mais aussi des sociétés plus largement.

Cheval préhistorique, grotte de Lascaux
- 18 000 à - 17 000 an avant JC
Bien que l'on ne sache pas exactement les raisons qui poussaient les hommes du Paléolithique supérieur à dessiner sur les parois des grottes, ces premières manifestations figuratives sont uniques et exercent encore aujourd'hui leur puissance. Je vous conseille plus que vivement la visite de la Grotte de Chauvet en Ardèche qui est la dernière présentant des peintures murales encore ouverte au public, une visite qui vous marquera à vie !

Paolo Ucello - La Bataille de San Romano
1458-1460
Je vous fait une énorme ellipse temporelle excluant tout l'art antique et du moyen âge où les chevaux étaient aussi très présents. Les romains sculptant les premières statues équestres notamment. Pour nous retrouver avec Paolo Ucello en pleine Renaissance. Ce dernier est en effet l'un des premiers à mettre en pratique dans ses œuvres la toute récente découverte de la perspective. Il le fait notamment avec brio dans le triptyque de la bataille de San Romano où les chevaux, lances, cadavres sont autant d'occasion de mettre de la profondeur dans sa toile. Ce tableau est aussi très représentatif du cheval dans l'Art, ce dernier étant l'arme la plus puissante à la guerre et ce durant plusieurs siècles, des armées depuis l'antiquité jusqu'à l'avènement des chars durant la première guerre mondiale. La cavalerie restant longtemps même avec l'invention des armes à feux le corps de l'armée le plus redoutable et le plus prestigieux. L'utilisation du cheval comme arme de guerre n'a pas laissé des traces que dans l'Art, mais aussi dans son dressage et son utilisation. Toutes les formes de dressage connues étant issues des techniques de guerre, avoir un cheval parfaitement dressé et sachant effectuer quelques croupades pour se dégager des ennemis n'étant pas un luxe sur un champ de bataille. Ce savoir faire est devenu un art à lui seul, l'équitation de tradition française ayant était classée par l'UNESCO Patrimoine culturel immatériel. Là aussi je vous invite à aller voir une des représentation du Cadre Noir de Saumur qui perpétue cette équitation.

Adam Frans van der Meulen, Louis XIV au siège de Besançon
1674
Un portrait équestre vraiment typique du 17° siècle, période où ce type de représentation des puissants prend vraiment toutes ses lettres de noblesses. Ça n'est forcément la représentation la plus notable, ni ma préférée de ce type de tableaux, mais il me permet de parler des Genets, magnifiques destriers élevés dans la péninsule Ibérique et qui furent l'apanage des familles royales et nobles du moyen âge jusqu'au 18° siècle et dont je ferais un article car leur histoire mérite à elle seule un livre.

George Stubbs - Whistlejacket
vers 1760

On ne peut pas parler des chevaux en peinture sans parler de George Stubbs qui en fit sa spécialité. A tel point qu'il n'eu même plus besoin de fond pour mettre son sujet en scène, ce qui est particulièrement osé pour l'époque et encore aujourd'hui extrêmement moderne. Cet immense tableau exposé à la National Gallery de Londres est resté son oeuvre la plus connue et la plus saisissante.

Théodore Géricault - Cheval arabe gris-blanc
Théodore Géricault - Portrait équestre du Lieutenant Dieudonné
1812

De la même façon, on ne peut faire l'impasse sur Théodore Géricault (1791-1824), ce peintre romantique passionné de chevaux qui n'aura de cesse de les représenter avec une force et une précision terrible. Aussi importé dans la vie que ses chevaux sur ses toiles, il est devenu célèbre à seulement 21 ans en remportant la médaille d'Or du Salon avec le portrait du Lieutenant Dieudonné. Il a subit de plein fouet la mode orientaliste ce qui a donné lieu à de magnifiques représentations de chevaux arabes. Personnellement je suis toujours extrêmement impressionnée par la force de ses traits, si vous avez l'occasion d'observer des croquis préparatoires ou autres dessins à la mine ou au fusain vous comprendrez (certains sont exposés au Louvres) !

Edgar Degas - Le défilé
1866-1868

Au 19° et 20° avec l'avènement de la mécanisation le cheval disparaît peu à peu du quotidien. Il continue d'inspirer les artistes, mais il se déplace dans des univers particuliers tel que les champs de courses ou les scènes de chasse à cour. Comme dans la société, il sort de la guerre et perd une partie de sa puissance symbolique associée au pouvoir, pour gagner une nouvelle symbolique liée à l'imaginaire en restant associé à la richesse. Son inutilité grandissante en faisant un objet de luxe, gardé seulement par les plus riches pour leurs loisirs.

Franz Marc - Les Grands Chevaux bleus
1911
Petit à petit au cours du 20° siècle, le cheval dans l'art devient un vecteur symbolique. Comme pour le cheval blanc de Gauguin, qui est en réalité vert, le cheval s'éloigne de sa réalité physique pour devenir support de l'imaginaire. Il habite ainsi des imaginaires naïfs et colorés, dans les peintures de Franz Marc, se libérant petit à petit des couleurs et des formes réelles. Mais il peut aussi habiter des univers beaucoup plus sombres comme le célèbre Guernica de Picasso.

Maurizio Cattelan - Kaputt
2013
L'Art contemporain utilise toujours autant le cheval pour sa portée symbolique. De la même façon que les petits poneys magiques et autres licornes n'ont cessé de faire rêver les foules, le cheval restant un facteur symbolique de liberté et de noblesse, des artistes continuent d'utiliser cette même portée pour la détourner et nous interloquer. L'oeuvre Kaputt de Maurizio Cattelan mettant en scène des chevaux empaillés décapités en est une des plus forte illustration.


Bénédicte Gelé - Esquive 2t
2014
dessin de Jean-Louis Sauvat

A noter qu'il existe aussi des artistes contemporains qui continuent inlassablement de dessiner des chevaux et d'explorer leur représentations sous toutes les coutures. Personnellement j'ai un faible pour les dessins de Jean-Louis Sauvat et les peintures de Bénédicte Gelé qui cherchent chacun à leur façon à extraire l'essence du cheval dans leurs œuvres.

Pour aller plus loin sur le sujet cheval et Art :
- Le cheval dans l'art, de Nicolas Chaudrun, Citadelles et Mazenod
- Une histoire du cheval : Art, techniques, société, de Jean-Pierre Digard, Actes Sud
- Stubbs - le peintre "très-anglais" du cheval, de Jean-Louis Gouraud, Favre
- Chevaux de Géricault, de Bruno Chenique, Bibliothèque de l'image
- Franz Marc, de Charles Victoria, Parkstone
- Louvre à cheval, de collectif, Place des Victoires

LA référence en histoire de l'Art (illustrations superbes et très facile à lire) :
- Histoire de l'art, de Ernst Hans Gombrich, Phaidon

N'hésitez pas à me dire si cet article vous a plut, si ça vaut la peine que j'en fasse d'autres dans la même veine !

2 commentaires:

  1. Moi j'aime vraiment beaucoup ce type d'article, je serais ravie que tu continues ! Je n'ai pas grand chose à commenter si ce n'est Waaaa, car je n'y connais ps grand chose, mais ça peut pas laisser un "hippomane" de marbre :)))

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  2. Contente que ça t'ai plût ! Je vais en faire un autre dans la même veine sur les Genets !

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