lundi 2 décembre 2013

patate chaude




Val vous présente son nouvel espace de travail qui l'a réjouit d'avance
(elle baille en fait)
 

Ce weekend était donc le grand jour du déménagement surprise de Val. Puisqu'il s'est organisé en moins d'une semaine.
Finalement devant le mal être de Val et puis mon besoin de cadrage pédagogique, je me suis décidée à mettre Val en pension chez  JP. Elle est donc en paddock avec abris ouvert. Côté hébergement c'est vraiment du 4 étoiles, on ne peut rêver mieux (sauf un pré évidemment). Et puis surtout on a les infrastructures et les cours qui vont avec. Y'a plus qu'à, maintenant qu'on y est arrivée !

Oui parce qu'en fait, c'est surtout ça le problème. J'avais décidé de faire le transfert de Val à pieds depuis son ancienne pension et on a galéré comme pas possible pour faire ce trajet de 15min en vélo... On a dû mettre environ 1h30 pour faire la moitié du trajet, soit une petite route en ligne droite déjà empruntée. Val devait sentir que l’on partait je pense, elle était très hésitante. Déjà.

Ensuite se fut pire, la route finie en pont au-dessus de la ligne à grande vitesse de Paris Est. C’est un peu le même gabarit qu’une autoroute sauf que les TGV passent aléatoirement et pas continuellement. Val s’arrêtait déjà en balade quand elle voyait passer au loin le TGV, là elle se montait en pression à chaque train qui passait, de plus en plus proche donc de plus en plus fort. Autant vous dire que quand elle a vue qu’on allait doit dessus, ou plutôt droit dedans - aller expliquer le concept du pont à un cheval paniqué - elle a dit niet ! Donc j’ai dû essuyer la première « rébellion » à pieds de Val quand un train a déboulé à une dizaine de mètres de nous… Soit tentative de demi-tour carabiné avec la tête bloquée du côté opposé et l’encolure béton, donc plus aucun contrôle. J’ai dû faire 10m de « ski nautique » en pensant que j’allais lâcher et en voyant déjà Val faire le trajet inverse à fond les ballons, paniquée avec la selle sous le ventre. En fait non. On a juste atterri dans le bas-côté du chemin où j’ai pu récupérer une flexion de mon côté à partir de là j’avais à nouveau le contrôle de la tête, donc j’ai pu la mettre en cercle autour de moi et la stopper rapidement.

On a pu souffler un peu, mais on n’en restait pas moins coincées à mi-chemin entre les deux pensions avec cet obstacle qui nous semblait insurmontable.  Val était resté à un niveau de stress qui la rend dangereuse dans le sens où elle n’a plus que 2 neurones qui lui disent de fuir et impossible de la faire redescendre aussi proches de la source de son anxiété… Donc j’ai tenté le tout pour le tout en utilisant son instinct de fuite et le seul repère qui lui restait : moi. Je me suis mise à courir vers le pont en priant pour qu’il n’y ait pas de train qui passe à ce moment-là. Val m’a suivie avec un léger soulagement quand elle a compris qu’on passait au-dessus, surtout « contente » de pouvoir enfin bouger et fuir la zone de danger de mort. On a eu de la chance aucun train n’est passé à ce moment-là (totalement aléatoire, un TGV tu l’entends, il est déjà sur toi).

Voila, on était sauvé ! Restait juste à faire la dernière moitié de chemin tranquillement jusqu’à la pension. Sauf que Val n’est pas descendu en pression du reste du trajet… Ce fut une torture nerveuse pour toutes les deux. Elle cherchait désespérément dans chaque bruit mécanique un train qui allait lui foncer dessus. Et elle était méga flippée, toute en sueur, un vrai crève-cœur. Et c’est là que je me suis dit que j’allais vraiment galérer avec elle si à la moindre sollicitation extérieure trop forte et inhabituelle elle finissait dans cet état : adieu balades tranquilles, TREC et endurances. Je me voyais déjà en train de faire ce choix cornélien entre Val ou mes passions. Pendant que je m’effondrais intérieurement, j'essayais de rester calme et neutre car Val s’agitait nerveusement, secouait la tête, tentait des dépassements et se tétanisait de peur à chaque fois qu’elle croyait entendre un train. A sa décharge on était coincé au pas, ce qui n’aidait pas du tout à satisfaire son besoin impétueux de bouger pour évacuer la pression. Avec le recul je me dis qu’elle était quand même super gérable, malgré son niveau de stress. Bref, on a traversé les chemins boueux, les champs en friches et le village sans aucun débordement à signaler. Pour enfin arriver à la pension, là j’ai pu souffler. JP a de suite vu que je n’allais pas bien du tout, de fait j’étais en nage malgré les températures glaciales et à deux doigts de la crise de larmes. En fait j’étais dans le même état que Val…

Val elle était toujours fixée sur le TGV au loin mais pas si loin, même à oreilles d’homme on l’entend depuis chez JP. Et puis toutes les nouvelles choses de la pension à appréhender ça faisait beaucoup, beaucoup trop pour elle. Elle n’était vraiment pas bien, la chiasse, à trembler devant les fils électriques de son paddock, souffler comme un bœuf devant la paille du box, etc… Pas joli joli à voir ou comment culpabiliser à mort d’imposer ce genre de séisme dans la vie de notre compagnon dévoué. Oui parce qu’en plus elle me cherchait tout le temps et était encore plus mal dès que je m’éloignais.

En plus avec tout ça, la pareuse que j’avais oubliée, était là. Donc on a attendu quelques dizaines de minutes que Val fasse le tour de son box + paddock et puis on l’a paré.  En fait ça c’est très bien passé, on s’occupait d’elle, on faisait un truc qu’elle connaissait, bref ça l’a beaucoup aidé au final. Sauf que la pareuse à encore coupé trop court je crois (enfin ça n’est pas tellement qu’elle coupe trop, mais que je n’entretiens pas assez du coup ça fait trop d’un coup pour Val).  


La suite de l’après-midi, j’ai fait faire un tour de la pension à Val, étonnement calme sans pour autant être résignée à tout accepter. Non elle était alerte (encore très focus sur TGV) et à l’écoute, je retrouvais un peu « ma » jument. Par contre de nouveau pas bien quand je l’ai remise au paddock, donc je suis resté un peu avec elle. Elle avait séché de la balade mais j’ai préféré la couvrir avec son imper pour la nuit. Ensuite j’ai rangé mes affaires, dit bonjour à tout le monde, etc… Heureusement qu’ils sont tous tellement gentils.

Après j’ai dû filer, c’était l’anniversaire surprise de mon père, on devait rejoindre tout le monde sur Paris pour la soirée. Ça n’est qu’une fois arrivée dans le restaurant à 20h que j’ai réalisé que je n’avais rien bu ni mangé depuis la veille au soir et que j’étais debout depuis 8h du matin. En plus je n’avais même pas faim ni soif, je pense que c’est là que j’ai vraiment réalisé que j’étais moi aussi totalement flippée de ma journée.




Val qui se fait passer pour une quarter horse avec sa taille
de guêpe pour mieux se fondre dans le décors


ses appartements sont à gauche


vue de l'intérieur à notre arrivée

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